Les motivations pour s’intéresser à une épave sont nombreuses : son histoire , sa richesse en faune et flore, l’ambiance particulière qui y règne…mais pour réussir ces plongées, il est indispensable de respecter qualques règles importantes.
Les épaves sont très souvent situées dans des zones à fort courant ou exposées au vent avec parfois des roches à proximité. Ces particularités environnementales peuvent expliquer leur naufrage ou des facteurs qui l’ont favorisé. Il est donc nécessaire de bien s’informer des particularités de la zone de plongée : courant, houle, vagues, visibilité. Par exemple, pour plonger sur l’épave du paquebot français « Antilles » située à proximité de l’île Moustique dans l’archipel des Grenadines (Sud Antilles) et à une profondeur entre 10 et 15 mètres, il est impératif de choisir l’heure de plongée en fonction de la marée car le courant peut y être très violent. D’ailleurs, l’état de décomposition de l’épave montre la violence de ce courant.
Tout d’abord pour optimiser le temps de la plongée à une découverte des endroits les plus intéressants de l’épave surtout si celle-ci est de grande taille et se trouve à une profondeur importante (+ de 25 mètres). Par exemple, l’épave du Donator (-35m) située à l’est de l’île de Porquerolles (face à Hyères) nécessite 2 à 3 plongées pour la découvrir complètement. En plongeant avec un « habitué » de l’épave, il vous montrera sûrement les plus beaux recoins et si les conditions de plongée. Il tiendra compte également des particularités de cette plongée (courant, profondeur…)
Plonger sur une épave amène très souvent à réaliser une plongée avec un profil dit « carré » c’est à dire que vous descendez assez verticalement sur l’épave (le long de la ligne de mouillage du bateau ou d’une bouée de signalisation) pour y rester une durée plus ou moins importante en fonction de votre autonomie en air pour ensuite remonter à nouveau verticalement. Le profil n’est donc pas celui d’une remontée lente (type plongée sur des tombants ou des hauts fonds) qui permet de dé-saturer lentement en azote et de ne pas avoir un temps de plongée important à la plus grande profondeur atteinte durant l’immersion. Il est donc important d’e respecter rigoureusement le temps de plongée que l’on s’est fixé en fonction de la profondeur afin de ne pas se faire surprendre par une décompression plus longue que prévue.
Le stock d’air est primordial lorsque l’accès vertical n’est pas à tout moment possible. Il faut emporter suffisamment d’air pour pouvoir gérer tous les problèmes seul ou à deux. Le protocole de gestion d’air le plus souvent utilisé est la fameuse règle des tiers : un tiers du stock pour le parcours aller, un tiers pour le retour et un tiers de secours.
Prenons l’exemple de l’épave le Rubis, ce sous-marin français coulé volontairement au large du Cap Camarat près de Cavalaire et de St Tropez. Il se trouve à la profondeur de 40 mètres et n’est pas très haut même si il est posé bien vertical sur le sable. Sur l’épave, il n’est pas possible de varier la profondeur d’une manière importante durant la plongée. La saturation y est donc importante et sur un temps de plongée très court.
descente dans le bleu, équilibrage oreilles et sinus, essoufflement
On y trouve des objets qui peuvent être coupants ou pointus, qu’il s’agisse de tôles rouillées et tranchantes, d’échardes de bois acérées ou de concrétions calcaires abrasives. Chaque mouvement constitue un danger potentiel et doit être fait avec circonspection afin de toucher le moins de choses possibles. Une paire de gants épais est un outil fort utile pour l’explorateur qui ne sait pas « toucher avec les yeux ». Etre vacciné contre le tétanos s’avère également une sage précaution. Cela est d’autant plus vrai que la visibilité est réduite.
saturation, paliers de sécurité ou de décompression
Une épave a par définition subi les épreuves du temps. Cela peut en affaiblir les structures. Attention donc à tout effondrement qui pourrait survenir après le passage d’un plongeur, d’un coup de palmes ou de bloc, voire simplement d’une accumulation de bulles d’air. Se retrouver coincé sous un morceau de tôle n’a rien d’amusant. L’aide du binôme peut être précieuse à ce moment là.
L’intérieur d’une épave est par dessus tout le royaume du mystère et le véritable coeur d’une épave. Rien d’étonnant donc à ce que la moindre ouverture attire immanquablement les plongeurs en manque d’aventure. Mais entrer dans une épave requiert une certaine expérience et des techniques particulières qui s’apparentent à celles de la spéléo. A l’intérieur d’une épave, on peut se perdre, en particulier à l’intérieur d’un grand navire dont certaines issues peuvent être obstruées. On se trouve dans un contexte de plongée sous plafond, sans pouvoir remonter directement en surface en cas de problème ou de panne d’air. Les passages à emprunter peuvent être étroits et l’on peut y rester bloqué. L’intérieur de l’épave peut être très obscur et éventuellement envasé, ce qui nécessite d’infinies précautions afin de ne pas se retrouver en visibilité nulle.
Tout cela requiert un matériel bien particulier, proche de celui des spéléos ou des plongeurs sous glace.
Le dévidoir sert à retrouver son chemin. La pose d’un fil d’Ariane évite de se perdre dans les dédales d’une épave, fût-elle petite, en cas de soulèvement de la vase et baisse de la visibilité. Mais la technique du dévidoir est de celles qui ne s’improvisent pas. Le fil ne doit pas rompre, être coupé par une surface tranchante, tout en étant suffisamment tendu pour ne pas s’emmêler. On ne doit pas se déhaler dessus mais garder malgré tout un contact léger avec. Un travail tout en finesse.
La lumière, outre qu’elle rassure, permet aussi de localiser les objets tranchants et de retrouver son chemin. Encore faut-il que l’autonomie soit suffisante pour toute la durée de l’exploration. De plus, avoir une ou plusieurs lampes de secours permet de sortir d’une situation catastrophique de panne de lumière.
Il faut impérativement s’arrêter si l’on s’aperçoit que les bulles font tomber des sédiments accumulés en haut et que la visibilité diminue sérieusement. La règle est de garder une bonne flottabilité à tout moment et de palmer bien horizontalement, avec éventuellement les palmes légèrement plus hautes que la tête. Autre technique: se déhaler avec les bras et ne pas palmer du tout (les gants sont vivement conseillés pour cela).
La configuration du scaphandre doit réduire au maximum les risques d’accrochage des tuyaux ou de perte d’air suite à un choc sur un détendeur. Le matériel doit être suffisamment solide pour encaisser sans trop de dommages les éraflures que provoquent les inévitables frottements contre des parties de l’épave.
Certains n’hésitent pas à utiliser un petit casque à la fois pour porter leur lampe et pour se prémunir des chocs à la tête que peut provoquer une variation de flottabilité ou une visibilité réduite dans un environnement sous plafond.
Toutes ces techniques s’apprennent au cours de formations qui n’ont rien d’inutiles. Entrer dans une épave (une grande) peut poser un certain nombre de problèmes sérieux au plongeur non expérimenté. L’auto-apprentissage est dans ce domaine source d’éventuels accidents. C’est donc bien l’affaire de spécialistes, équipés d’un matériel approprié. Sinon, mieux vaut rester dans les limites de la lumière extérieure et ne pas s’en écarter.
Toujours découvrir une épave de jour avant d’y plonger de nuit et bien sûr ne pas rentrer dedans de nuit même si vous l’avez fait de jour.
Afin de bien profiter de sa plongée sur épave, il faut savoir se repérer. C’est facile sur un avion, un bus ou un bateau de petite taille, mais très compliqué lorsqu’il s’agit d’un gros cargo un peu démembré, voire de structures métalliques immergées (ancienne plate-forme, port artificiel du Débarquement, etc.).
Il est parfois indispensable d’avoir un plan ou un schéma général ou tout au moins de prendre comme points de repère des éléments caractéristiques tels que grande cassure, mât ou cheminée. C’est là que l’on comprend l’utilité d’une ardoise pour suivre un plan ou le dessiner, d’autant que le compas est bien peu efficace, sur une épave métallique, pour suivre une direction avec précision ! Des facteurs supplémentaires viennent encore interférer sur nos facultés d’orientation sur une grande épave.
Une faible visibilité oblige à utiliser un cordage qui sert de ligne directrice à l’exploration.
La profondeur complique tout par la narcose à l’azote.
Le courant rend difficile non seulement la progression mais aussi la descente ou la remontée. Il est alors préférable de descendre et de remonter le long de l’ancre ou d’une bouée de signalisation, ou au moins d’utiliser un parachute avec un dévidoir ou suffisamment de bout.
Dans tous les cas, les charmes de la plongée sur épave ne doivent pas faire oublier que cette activité oblige au respect de règles élémentaires de prudence. La règle est, comme pour tout site de plongée, de ne rien abîmer en restant à distance respectable et de ne rien remonter afin que tous les plongeurs puissent en profiter.
Les épaves sont soumises à une réglementation qui interdit d’en remonter tout objet de valeur historique. On le sait pour les amphores et d’autres objets antiques du même registre ! mais c’est également vrai pour d’autres objets qui semblent à première vue plus récents. Pour le DRASSM, toute épave présentant un caractère artistique, historique ou archéologique entre de plein droit dans les biens culturels maritimes et est par conséquent protégée. C’est généralement le cas de tout navire, en bois et à voile, et pour tout engin datant de l’apparition des navires métalliques et de la propulsion à vapeur. Pour les épaves métalliques, généralement plus récentes, les choses sont plus confuses. Celles coulées pendant la guerre appartiennent au pays dont elles battaient pavillon et peuvent être considérées comme cimetière ou épave historique. Pour les navires civils, le propriétaire privé est le plus souvent une compagnie d’assurance. Cela relève alors du cadre de la propriété privée, ce qui empêche tout prélèvement sans autorisation. On ne peut donc pas impunément remonter n’importe quoi d’une épave. D’abord parce que cela diminue l’intérêt de l’épave pour les plongeurs qui l’exploreront ensuite. Et pour ceux qui ne résistent pas à « l’appel de la ferraille », il est obligatoire de toujours se renseigner auprès des Affaires Maritimes lorsqu’il s’agit d’une épave en mer, et au service des Voies Navigables de France lorsque l’épave gît en eau douce.
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